Education & Formation

Éditorial

Pour une culture numérique qui favorise un enseignement inclusif

"Les conséquences d'un acte sont incluses dans l'acte lui-même."
(George Orwell « 1984 », 1949)

« Big brother is watching you ». Cette phrase a fait frémir des générations depuis 1949. Aujourd'hui, septante ans plus tard, la captation et la protection de nos données numériques sont au cœur d'enjeux considérables. D'une part, pour les entreprises dont l'intérêt principal est de tirer un maximum de profit de leur exploitation et, d'autre part, pour les individus qui souhaitent pouvoir choisir avec qui leurs données sont partagées. Ces tensions entre tendances concomitantes poussent certains à adopter des attitudes protectionnistes qui toutefois ne peuvent pas nous faire oublier combien le numérique est aussi un facteur d'inclusion. Pour les jeunes qui demain devront maîtriser les technologies dans leur vie professionnelle. Pour les personnes âgées qui doivent rester au contact d'un monde qu'elles ont contribué à construire. En ce qui concerne les publics à besoins spécifiques, il faut pleinement les intégrer à ces questionnements fondamentaux de notre société en mutation permanente.

Bourdet, Bourdon et Teutsch, du Centre de Recherche en Education de Nantes (CREN), nous proposent une série d'articles centrés sur la thématique de l'usage du numérique en situation d'autonomie réduite. Le fil conducteur est celui de l'effet de ces technologies : dans quelle mesure assurent-elles une meilleure accessibilité ou compensent-elles les difficultés rencontrées ?

Briet et al. vous explicitent comment les enfants avec un Trouble de Spectre de l'Autisme voient leurs comportements sociaux positifs augmenter. Garnier, quant à lui, décrit la complémentarité entre le processus d'instrumentation et d'instrumentalisation que ces enfants avec un TSA mettent en œuvre dans l'appropriation de tablettes numériques. Toujours avec un public identique, Lefer-Sauvage et al. montrent que ceux-ci bénéficient largement d'une application d'agenda numérique pour mieux gérer en autonomie leur organisation quotidienne.

Pour ce qui concerne des personnes avec déficiences intellectuelles ou sociales qui sont accueillies dans des services d'aide au travail, Le Chêne et Plantard insistent sur la meilleure estime d'eux-mêmes qu'ils acquièrent en même temps qu'une maitrise technologique. Castillan et Lemarie analysent la qualité de l'accès aux ressources pédagogiques dont bénéficient les personnes à déficiences visuelles. Quant à Quillion-Dupré & et al., c'est aux patients âgés atteints de maladie de type Alzheimer qu'ils s'intéressent en vue de prévenir les situations d'isolement et augmenter leur qualité de vie.

Ces articles de recherche se positionnent selon un point de vue qui met bien en évidence la richesse du potentiel que les outils numériques peuvent développer chez tout un chacun pour rendre notre société plus agréable à vivre pour tous, car plus soucieuse d'y intégrer toutes les catégories de public, car plus inclusive donc plus humaine. C'est aussi ce à quoi la recherche contribue : participer à l'évolution de notre société au bénéfice de chacun de ces membres.

Bonne lecture à toutes et à tous,
Pour la Revue Education & Formation,
Bruno De Lièvre

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